Oui ! Il y a beaucoup de gens honnêtes !
J’aurais pu dire qu’il y a beaucoup de braves gens : beaucoup de braves gens auxquels on cache l’essentiel derrière des montagnes de détails ; beaucoup de braves gens qui, préoccupés par les charges du quotidien, ne trouvent plus le temps de tourner leur regard vers les autres ; beaucoup de braves gens qui, cajolés par les souteneurs du système en place, pouvant se croire parfois plus méritants qu’ils ne le sont, se glissent alors tout doucement dans la même perversité que leurs gourous ; beaucoup de braves gens qui, déjà profondément enfoncés dans la misère, ne comprennent plus et ne voient plus ; beaucoup de braves gens qui, ne voulant pas cautionner le pouvoir en place, choisissent de s’abstenir lors des élections ; beaucoup de braves gens qui…
Ces gens-là sont effectivement très nombreux.
Tous ces gens-là, pour les éveiller à une autre réalité il suffit de la compréhension des autres. Cette compréhension, il la reconnaissent lorsqu’elle est vraie, lorsqu’elle est manifestée avec beaucoup d’amour.
Je ne parle pas ici de l’amour mesquin qui ramène tout à soi et qui n’aime que ce qui peut lui appartenir.
Je parle de cet amour altruiste et vigoureux, manifestant l’abnégation et la compassion ; de cet amour qui n’hésite pas à brusquer pour éveiller les consciences, mais qui reste vigilant dans le respect dû aux autres et dans la part essentielle que doit conserver le libre arbitre de chacun. Cet amour-là, il est la force qui, de concert avec la véritable intelligence et la volonté, construit la fraternité humaine. C’est cet amour-là qui aide à comprendre les situations tragiques ; cet amour, par lequel on devient tolérant, aide à mieux voir les qualités cachées des braves gens.
Est-il nécessaire de l’ajouter ?… Cet amour, qui développe la lucidité, permet de mieux distinguer les intentions louables comme les plus crapuleuses ?
Cet amour qui ouvre l’esprit à la compréhension de choses différentes, dénonce la suffisance des individus satisfaits d’eux-mêmes ; qui ne voient de qualités qu’en eux, et de défauts que chez les autres. Méfions-nous donc de nous-mêmes lorsque nous voyons moins de braves gens qu’il n’y en a, et lorsque nous trouvons à ces braves gens plus de défauts qu’ils n’en portent.
Lorsque l’on va vers les braves gens en étant équipé de cet amour-là, on les découvre avec leurs qualités. On s’aperçoit alors qu’ils portent en eux des pensées subtiles. Simplement, ils craignent… Il suffit alors de leur montrer leurs semblables, bloqués par les mêmes préjugés.
Cet amour ouvre l’esprit de toutes les personnes qu’il touche : de celles qui l’acceptent comme de celles qui l’offrent ; il élargit la vision qui s’ouvre à un monde différent, de plus grande beauté, de plus grande conscience, de plus grande solidarité. Dans ces situations, les braves gens adoptent une autre attitude : ils acceptent de participer à la construction d’un monde meilleur.
Gérard Privat