Nicolas Sarkozy va être pendant six mois président de l’Union européenne. Les grands médias ont été mis à contribution pour faire apparaître cette présidence comme un nouveau départ pour l’Europe, une rupture volontariste par rapport au passé.
Or le président tournant de l’Union européenne dispose de peu de pouvoirs, le Président français comme les autres.
Nicolas Sarkozy qui a porté sur les fonds baptismaux le Traité de Lisbonne, honteux erzats du Traité constitutionnel rejeté par le peuple français, comptait sur sa présidence pour le rendre irréversible. Le peuple irlandais, très ingrat, en a décidé autrement.
Le Traité de Lisbonne est désormais caduc. Le président tournant, comme les derviches du même nom, gérera donc les affaires courantes.
Or nous sommes dans une Europe où la liberté de circulation des capitaux, donc l’activité spéculative, est garantie dans les traités.
Notre continent continuera donc d’être soumis de plein fouet aux ukases des marchés financiers. Et ce n’est pas Nicolas Sarkozy, à l’instar du Général de Gaulle, qui osera dire : « La politique ne se fait pas à la Corbeille. »
Nous sommes dans une union où l’essentiel des pouvoirs politiques, monétaires, sont détenus par des technostructures —Commission, Banque Centrale— indépendants du pouvoir politique et où le Parlement n’a même pas de pouvoir législatif.
Ce n’est pas l’activisme pathologique du président français qui y changera quelque chose.
Dans une récente intervention sur FR3, M. Sarkozy en disant que l’Europe n’avait pas de vocation sociale, parle comme à son habitude pour ne rien dire et enfonce des portes ouvertes.
En effet le budget de l’Union européenne qui représente 1 % du PIB européen rend parfaitement dérisoire la quête d’un Graal mythique, l’Europe sociale.
Toutes les politiques mises en œuvre privilégient la rente, l’épargne financière au détriment du travail ; et le fond social européen distribue 3 % de ce budget déjà dérisoire pour 27 pays… 8 € par habitant et par an, ou 0,66 € par mois.
Pour l’instant la solidarité reste nationale.
Jean Jaurès disait : « La nation est le seul bien des pauvres. »
Malgré les coups de boutoir pour détruire la solidarité nationale, cela reste encore vrai aujourd’hui.
L’Europe confédérale de demain, celle de la libre association de nations libres, ne peut se concevoir dans le cadre institutionnel actuel dont il faut changer radicalement la trame. Ce n’est pas le Président français, fidèle serviteur de l’oligarchie financière qui favorisera cette rupture là.
Michel de Chanterac